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mieux cultivée avaient la plus grande part aux graces. Comme il y avait des charges établies pour la conduite des armées, il y en avait aussi pour veiller aux travaux rustiques : c'etaient deux charges semblables, dont l'une prenait soin de garder le pays, et l'autre de le cultiver. Le prince les protégeait avec une affection presque égale, parce que toutes deux concouraient et étaient nécessaires au bien public; car si les terres ne peuvent pas être cultivées sans le secours et la protection des armées qui les défendent et les tiennent en sûreté, les armées, de leur côté, ne peuvent pas être nourries et entretenues sans le travail des laboureurs qui cultivent les terres. C'était donc avec grande raison que le prince, quand il ne pouvait pas s'en instruire par lui-même, se faisait rendre un compte exact de la manière dont chaque province, chaque canton était cultivé; qu'il voulait savoir si chaque pays portait abondamment tout ce qu'il pouvait produire; qu'il descendait jusque dans ce détail, comme Xénophon le marque de Cyrus le jeune, de s'informer si les jardins des particuliers étaient bien tenus, et portaient des fruits en abondance; qu'il récompensait les intendants et les surveillants dont la province ou le canton se trouvait le mieux cultivé, et punissait la négligence et la nonchalance des paresseux qui laissaient leurs terres incultes et stériles. Un pareil soin n'est pas indigne d'un prince, et répandrait dans un royaume, avec l'abondance et la richesse, l'amour du travail et de l'occupation, qui serait un moyen sûr d'en écarter cette foule d'hommes oisifs et fainéants qui sont si fort à charge au public et déshonorent un état.

Xénophon, après l'endroit que je viens de citer, met

Id. Ibid.

p. 830-833.

Cic. de senect.

num. 59.

dans la bouche de Socrate, qui y parle, un éloge magnifique de l'agriculture, qu'il représente comme l'occupation la plus digne de l'homme, la plus ancienne, la plus conforme à sa nature; comme la nourricière commune de toutes les conditions et de tous les âges; comme la source de la santé, de la force, de l'abondance, de la richesse, et même d'une infinité de plaisirs et de délices, mais sages et honnêtes; comme la maîtresse et l'école de la sobriété, de la tempérance, de la justice, de la religion, en un mot de toutes les vertus, tant guerrières que civiles. Il rapporte le beau mot de Lysandre Lacédémonien, qui, se promenant à Sardes avec le jeune Cyrus, et apprenant de la bouche de ce prince que c'était lui-même qui avait planté de sa propre main plusieurs des arbres qu'il voyait, s'écria qu'on avait raison de vanter le bonheur de Cyrus, dont la vertu répondait à sa fortune, et qui, au milieu du faste le plus brillant et de la plus suberbe magnificence, avait su conserver un goût si pur et si conforme à la droite raison. Quum Cyrus respondisset: Ego ista sum dimensus, mei sunt ordines, mea descriptio: multæ etiam istarum arborum med manu sunt satæ; tum Lysandrum, intuentem ejus purpuram, et nitorem corporis, ornatumque persicum multo auro multisque gemmis, dixisse: RECTE VERÒ TE, CYRE, BEATUM

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FERUNT, QUONIAM VIRTUTI TUÆ FORTUNA CONJUNCTA EST. Qu'il serait à souhaiter que notre jeune noblesse, qui, dans un temps de paix, ne sait à quoi s'occuper,

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eût un pareil goût pour l'agriculture, dont certainement, après ce que nous venons de voir de Cyrus, elle ne devrait pas se croire déshonorée, sur-tout quand on sait que cette même agriculture a fait pendant plusieurs siècles d'occupation ordinaire de la nation du monde la plus guerrière et la plus courageuse! on sent assez que je parle des Romains.

Invention des postes et des courriers.

Xenoph. Сугор. 1. 8,

J'AI promis de parler ici de l'invention des postes et des courriers. Elle est attribuée à Cyrus ; et je ne sache pag. 232. point en effet qu'avant lui il en soit fait mention. Comme l'empire des Perses, depuis ses dernières conquêtes, avait une vaste étendue, et que le prince exigeait que tous les gouverneurs des provinces et tous les premiers officiers des troupes lui écrivissent exactement pour l'informer de tout ce qui se passait chacun dans leur département et dans leur armée, pour rendre ce commerce plus sûr et plus prompt, et se mettre en état d'être averti en diligence de toutes les affaires, et d'y donner ordre sur-le-champ, il établit des courriers et des postes dans chaque province. Ayant supputé ce qu'un bon cheval, poussé avec force, pouvait faire de chemin en un jour, sans pourtant se ruiner, il fit construire à proportion des écuries, également distantes l'une de l'autre, et il y envoya des chevaux et des palefreniers pour en prendre soin. Il y établit aussi un maître, pour recevoir les paquets des courriers qui arrivaient, et les donner à d'autres, et pour prendre les chevaux qui avaient couru et en fournir de frais. Ainsi la poste marchait jour et nuit, et faisait grande diligence, sans que ni la pluie, ni la neige, ni la cha

leur, ni aucune autre incommodité des saisons, y mît Herod. 1. 8, obstacle. Hérodote parle des mêmes courriers sous Xerxès.

cap. 98.

Ces courriers s'appelaient en langue persanne Ayyapot. La surintendance des pèstes devint une charge considérable 2. Darius, le dernier des rois de Perse, l'avait remplie, avant que de monter sur le trône. Xenophon remarque que cet établissement durait encore de son temps: ce qui s'accorde parfaitement avec ce qui est rapporté dans le livre d'Esther, au sujet de l'édit donné par Assuérus en faveur des Juifs, et qui fut porté par tout ce vaste empire avec une rapidité qui aurait été impossible sans les postes que Cyrus avait établies.

On est surpris avec raison de voir que cet établissement des postes et des courriers, trouvé d'abord en Orient par Cyrus, et mis ensuite en usage par ses successeurs pendant tant de siècles; qu'un tel établissement, dis-je, si utile au gouvernement, n'ait point passé en Occident, sur-tout parmi des peuples aussi habiles dans la politique qu'étaient les Grecs et les Romains, où l'on en voit des traces.

Il est encore étonnant que cette première invention des postes n'ait pas conduit plus loin, et qu'on en ait borné si long-temps l'usage aux seules affaires de l'état, sans être touché des grands avantages que le public en

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Ayyapo vient d'un mot qui, dans cette langue, signifie un service comme par force. C'est de là que les Grecs ont fait leur verbe ayyapeúety, compellere, cogere et les Latins, angariare. Selon Suidas, ils s'appelaient aussi Astendæ.

2 PLUT. lib. 1, de Fortun. Alex. p. 326; et in vita Alex. p. 674, ubi pro Ασγάνδης, legendum Αστάνδης.

C'est une correction d'Henri Estienne, confirmée par un manuscrit. L.

pouvait tirer, pour la facilité du commerce de la vie, et du négoce des marchands et des banquiers; pour l'expédition des affaires des particuliers; pour la promptitude des voyages qui demandaient de la diligence; pour la communication aisee des familles, des villes et des provinces; pour la sûreté des sommes remises d'une contrée dans une autre. On sait quelle difficulté on avait alors, et pendant les siècles suivants, à se communiquer des nouvelles et à traiter d'affaires, étant nécessaire pour cela ou d'envoyer exprès un domestique, ce qui ne se pouvait faire sans beaucoup de dépense et de lenteur; ou d'attendre le départ de quelque personne qui allât dans la province où l'on voulait écrire, ce qui était sujet à une infinité de contretemps, de longueur et d'accidents.

Nous jouissons maintenant à peu de frais de cette commodité; mais nous n'en sentons pas assez l'avantage, que la privation seule peut faire bien connaître. La France en a l'obligation à l'Université de Paris; et je ne puis m'empêcher d'en faire ici la remarque : j'espère qu'on me pardonnera cette digression. Comme elle était la seule dans tout le royaume, et qu'il y venait de toutes les provinces, et même de tous les royaumes voisins, un grand nombre d'écoliers, elle établit en leur faveur des messagers, dont les fonctions étaient, non-seulement de porter hardes, or, argent, pierreries, sacs des procès, informations, enquêtes; de faire la conduite de toutes personnes indifféremment, fournissant chevaux et nourriture; mais encore de porter les lettres missives des particuliers, et tous leurs paquets.

Ces messagers sont souvent appelés dans les registres

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