صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

talens, c'est-à-dire plus de trois millions, fomme très confidérable pour ces tems-là. Ainfi l'argent roula bien plus qu'auparavant en Macédoine, & Philippe y fit battre le premier à fon nom la monnoie d'or, qui a dura plus que fa monarchie. La fupériorité de finances donne de grands avantages. Perfonne ne les connut mieux que lui, & ne les négligea moins. Il entretint de ce fond un puiffant corps de troupes étrangères, & s'acquit des créatures prefque dans toutes les villes de la Gréce.

Démosthène dit que dans les beaux Philip. tems de la Gréce on mettoit l'or & l'ar- pag. 92. gent au nombre des armes défendues. Philippe penfoit, parloit, & agiffoit tout autrement. On a prétendu que Suidas. l'Oracle de Delphes qu'il confultoit lui répondit un jour :

Sers-toi d'armes d'argent, & tu domteras Apyupi Aya

tout.

χαισι μάχη, η πάντα κινήσεις.

Le confeil de la Pythie devint fazı régle, & il s'en trouva bien. Il fe van

a Gratus Alexandro Regi magno fuit ille Charilus, incultis qui verfibus & male natis Retulit acceptos, regale numifma, Philippos. Horat lib. i. Epift ad August.

Hic funt numerati au- vocanturPhilippei. Plant, ki trecenti nummi, quilin Poes,

Tome VI.

B

toit d'avoir emporté plus de places par les largeffes que par les armes. Il n'enfonçoit jamais une porte, qu'il n'eût tâché de l'ouvrir; & ne reconnoilloit point pour imprenable toute fortereffe ou pouvoit monter un mulet chargé d'argent. a On a dit de lui qu'il étoit plus marchand que conquérant; que ce n'étoit point Philippe, mais fon or, qui fubjuguoit la Gréce ; & qu'il en acheta les villes, plutôt qu'il ne les força. Il avoit des penfionnaires dans toutes les Républiques de la Gréce, & tenoit à fes gages ceux qui y avoient le plus de part aux affaires, Auffi il s'applaudiffoit moins du fuccès d'une bataille, que de celui d'une négociation, où il favoit bien que fes Généraux ni fes foldats n'avoient rien à prétendre,

Philippe avoit époufé Olympias, fille de Néoproléme. Celui-ci étoit fils d'Alcétas, roi des Moloffes ou d'Epire, Elle eut de ce mariage Alexandre, fur nomméle Grand, qui vint au monde

a Callidus emptor Olin- te mercator Græciæ, thi. Juven. quàm victor. Valer, Max. Philippus majore ex par- 7. cap. 26 Diffidir hoftium

Fortas vir Macedo, & fubruit amulos.
Reges muneribus, Horat, 'lib, 3, Od 16,

*

Av. J.C.356.

12. cap. 16.

à Pella capitale de la Macédoine, la première année de la CVI Olympia- AN. M.3548. de. Philippe alors abfent de fon roiau- plut. in me, apprit en même tems, fi l'on en Alex. p. 666. croit Plutarque, trois nouvelles bien.Juftin. lib. agréables pour lui: qu'il avoit été couronné dans les Jeux Olympiques, que Parménion l'un de fes Généraux avoit remporté une grande victoire contre les Illyriens, & qu'il lui étoit né un fils. Ce Prince, effraié d'un fi rare bonheur, que les payens croioient Apophth. pagd

annoncer fouvent une trifte catastrophe, s'écria: Grand Jupiter, pour tant de biens envoie moi au plutôt quelque légére difgrace.

Plut. in

187.

On peut juger du foin & de l'atten- Aul. Gell. tion que Philippe donna à l'éducation lib. 9. cap. 3. de ce Prince, par la lettre qu'il écrivit peu de tems après fa naiffance à Ariftote, pour lui marquer dès lors qu'il le choififfoit pour Précepteur de fon fils. Je vous apprens, lui dit-il, que j'ai un fils. Je rends graces aux dieux, non pas tant de me l'avoir donné, que de me l'avoir donné du tems d'Ariftote. J'ai lieu de me promettre que vous en

Plutarque fuppofe qu'il apprit ces nouvelles auffitôt après la prise de Poridée:

mais cette ville avoit été
prife deux ans auparavant.

ferez un fucceffeur digne de nous, & un Roi digne de la Macédoine. Que de pensées ne fait point naître la lecture de cette lettre, bien éloignée de nos mœurs, mais bien digne d'un grand Prince & d'un bon Pere! Je les laiffe aux réflexions du Lecteur, & je me contente d'avertir que cet exemple est une grande leçon pour les particuliers mêmes, qui leur apprend le cas qu'ils doivent faire d'un bon maître, & le foin empreffé qu'ils doivent apporter pour en trouver un excellent a car un fils tient lieu à chaque pere d'un Alexandre. Il paroit que Philippe mit de bonne heure* Ariftote auprès de fon fils, perfuadé que le fuccès des études dépend des commencemens, & que le plus habile homme ne l'eft pas trop pour bien enseigner les principes.

a Fingamus Alexan-philofopho voluiffet, aut drum dari nobis, impo- ille fufcepiffet hoc offifitum gremio, dignum tanta cura infantem: quanquam fuus cuique dignus eft.) Quintil. lib. J. cap. 1.

cium, fi non studiorum initia à perfectiffimo quoque tractari., pertinere ad fummam credidiffer! Quintil. ibid.

Denys d'Halicarnaffe femble marquer qu' Arifto

b An Philippus Macedonum rex Alexandro filio fuo prima literarum te ne fut pas fitôt appellé elementa tradi ab Arifto

tele fummo ejus ætatis

auprès d'Alexandre,

Defcription de la Phalange
Macédonienne.

Id. lib. 12.

pag. 664.

LAPHALANGE a Macédonienne Polyb. 1. 17. étoit un corps d'infanterie, compofé p. 764-767. de feize mille hommes pefamment armés, & que l'on avoit coutume de Aliande in placer au centre de la bataille. Outre ftruend, acieb. l'épée, ils avoient pour armes un bouclier & une pique, appellée par les Grecs Sariffe. Cette pique avoit quatorze coudées de longueur, c'est-àdire vingt & un piés: car la coudée eft d'un pié & demi.

La Phalange fe divifoit ordinairement en dix corps, dont chacun étoit compofé de feize cens hommes, rangés fur cent de front, & feize de profondeur. Quelquefois on doubloit ou on dédoubloit ce dernier nombre, felon l'exigence des cas, de forte que la phalange n'avoit quelquefois que huit de profondeur, & d'autres fois en avoit trente-deux. Mais fa profon deur ordinaire & réglée étoit de feize. L'efpace qu'on laiffoit à chaque

a Decem & fex millia tur. Hæc media acies fuit peditum more Macedo-in fronte, in decem parnum armati fuere, qui tes divifa. Tit. Liv. lib. Phalangitæ appellaban- 37. n. 40.

« السابقةمتابعة »