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muettes leçons, instruisaient tous les passants. Platon semble supposer qu'Hipparque avait l'autorité, ou que les deux frères régnaient ensemble. Mais Thucydide Lib.6, p.215. démontre1 que ce fut Hippias qui succéda à son père, comme l'aîné de ses enfants.

Quoi qu'il en soit, leur règne en tout, depuis la mort de Pisistrate, ne dura que dix-huit ans; et voici comme il finit.

I Thucydide a cherché à démontrer le fait: mais il est loin d'y avoir complètement réussi. Cet historien affirme que les Athéniens eux-mêmes et les autres Grecs (THUCYD. VI, 54), regardaient Hipparque comme l'ainé des fils de Pisistrate, et comme son successeur : et en effet on retrouve cette opinion dans Clidème ou Clitodème, écrivain attique, peut-être contemporain de Thucydide (ap. Athen., pag. 609), dans Héraclide de Pont, et dans le dialogue socratique intitulé Hipparque. Thucydide prétend que les Athéniens se trompeut complètement et ne disent rien d'exact sur leurs tyrans, que c'est Hippias, non Hipparque, qui était l'ainé des fils de Pisistrate et fut le successeur immédiat de son père.

Ce qu'il y a d'intéressant dans cette dissidence, ce n'est pas précisément de savoir qui a raison de Thucydide ou des Athéniens; mais de chercher comment il a pu arriver que le fait si important de la succession de Pisistrate, fùt un sujet de discussion à Athènes, au temps de Thucydide, environ 80 ans après la mort d'Hipparque. L'historien luimême met sur la voie de la solution.

J'affirme, dit-il, que les Athéniens se trompent, le sachant avec plus d'exactitude, d'après ce que

j'ai entendu dire. Il s'ensuit que les
Athéniens, pour la connaissance des
faits qui avaient quatre-vingts ans de
date, en étaient encore réduits à la
tradition, vers l'an 403, époque de
la rédaction de l'histoire de Thucy-
dide. Doit-on en conclure que l'his-
toire grecque, avant la guerre des
Perses, n'a également d'autre garan-
tie que la tradition? cette conclu-
sion serait hasardée, et je pense
qu'il ne faut pas l'étendre au-delà
d'Athènes. Des autorités graves nous
montrent que les sources de l'his-
toire étaient de deux espèces, long-
temps avant cette époque : les
marbres et les chroniques. Thucy-
dide affirme que cette première
source existait à Athènes, puisqu'il
dit avoir lu les noms des tyrans sur
une colonne élevée dans l'Acropolis,
pour perpétuer le souvenir de leur
tyrannie. Or, ces inscriptions ne
pouvaient donner beaucoup de dé-
tails; des noms des dates, peut-

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être une série de faits sans déve-
loppement, voilà tout ce qu'on
pouvait y consigner le reste était
déposé dans les chroniques que
renfermaient les temples et autres
édifices publics. Or, il est naturel
de penser que, lors de l'incendie
d'Athènes par Xerxès, ces chro-
niques ont été la pròie des flammes,

[c. 55.]

1

Thucyd. 1. 6,

p. 446-450.

Harmodius et Aristogiton, tous deux citoyens d'Athè[c. 54.1 nes, étaient liés d'une amitié très-etroite. Hipparque, mécontent du premier pour une injure personnelle qu'il prétendait en avoir reçue, chercha à s'en venger sur sa sœur, par un affront public qu'il lui fit en l'obligeant de se retirer honteusement d'une procession solennelle où elle devait porter une corbeille sacrée, sous prétexte qu'elle n'était point en état d'assister à cette cérémonie. Le frère, et encore plus son ami, piqués jusqu'au vif d'une si sanglante injure, prirent dès-lors la résolution d'attaquer les tyrans. Ils attendirent pour cela l'occasion d'une fête, qui leur parut trèsfavorable pour leur dessein; c'était celle des Panathenees, où la cérémonie de la fête demandait que tous les artisans fussent en armes. Pour plus grande sûreté, ils n'avaient mis dans leur secret qu'un très - petit nombre de citoyens, comptant qu'au premier mouvement tous les autres se joindraient à eux. Le jour arrivé, ils vinrent de bonne heure dans la place, armés de leurs poignards. Hippias, sorti du palais, alla dans le Céramique, qui était un lieu hors de la ville, où était pour-lors la compagnie des gardes, et il y donna les ordres nécessaires pour la cérémonie. Les deux amis l'y avaient suivi. Ils virent un des conjurés qui s'entretenait familièrement avec lui. Ils crurent qu'ils étaient trahis. Ils auraient bien exécuté dans le moment même leur dessein sur Hippias, mais ils voulaient commencer

tandis que les inscriptions sur marbre
ont pu être conservées.

De cette manière, on explique
comment Thucydide a lu les noms
les tyrans sur une colonne de l'A-
cropolis; et en même temps, com-

ment il s'est trouvé réduit à la tradition, pour les détails de leur vie ; enfin comment il pouvait rester à Athènes des doutes sur l'ordre de la succession de Pisistrate. - L.

par l'auteur de l'affront qu'ils vengeaient. Ils retournent donc dans la ville, et ayant rencontré Hipparque, ils le tuent. Mais ayant été arrêtés sur-le-champ, eux-mêmes furent tués, et Hippias trouva le moyen de dissiper

cet orage.

Depuis ce temps-là il ne garda plus de mesures, et régna véritablement en tyran, faisant mourir un grand nombre de citoyens. Pour se mettre à l'abri d'une pareille entreprise, et se préparer une retraite sûre en cas d'accident, il chercha de l'appui au-dehors, et donna sa fille en mariage au fils du tyran de Lamp

saque.

c. 62-96.

Cependant les Alcméonides, qui, dès le commence- Herod. l. 5, ment de la révolution, avaient été exilés d'Athènes par Pisistrate, et qui voyaient leur espérance trompée par le mauvais succès de la dernière conspiration, ne perdirent pas néanmoins courage, et tournèrent leurs vues d'un autre côté. Comme ils étaient fort riches et fort puissants, ils se firent charger par les amphictyons, qui formaient le conseil public de la Grèce, de la construction du nouveau temple de Delphes, moyennant la somme de trois cents talents; c'est-à-dire trois cent mille écus'. Généreux comme ils étaient, et d'ailleurs ayant leurs raisons pour en user ainsi, ils y mirent beaucoup du leur, et firent à leurs dépens toute la façade du temple, de marbre de Paros, quoiqu'elle ne dût être que de pierres, suivant le marché qu'ils avaient fait avec les amphictyons.

La libéralité des Alcméonides n'avait pas été tout-àfait gratuite, ni leur magnificence à l'égard du dieu de Delphes un pur effet de religion; la politique y était

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entrée pour beaucoup, et y avait eu la plus grande part. Ils avaient espéré par ce moyen se faire un grand crédit dans le temple, et cela arriva comme ils l'avaient projeté. L'argent qu'ils répandirent à pleines mains dans celles de la prêtresse acheva de les rendre maîtres absolus et de l'oracle, et du dieu prétendu qui le rendait, qui, dans la suite, devenu leur écho, ne fit que répéter fidèlement les paroles qu'ils avaient dictées, et leur prêta, avec une constante reconnaissance, le secours de sa voix et de son autorité. Toutes les fois donc qu'il venait quelque Spartiate consulter la prêtresse, soit en son nom, soit au nom de la république, elle ne lui promettait l'assistance de son dieu qu'à condition que les Lacédémoniens délivreraient Athènes du joug de la tyrannie. Elle leur répéta cet ordre tant de fois, qu'ils se déterminèrent enfin à faire la guerre aux Pisistratides, quoiqu'ils eussent avec eux les plus fortes liaisons d'amitié et d'hospitalité, préférant, dit Hérodote ', la volonté de Dieu à toutes les considérations humaines.

La première tentative leur réussit mal, et les troupes qu'ils envoyèrent contre le tyran furent repoussées avec perte. Elle fut suivie de près d'une seconde, qui paraissait ne devoir pas avoir un meilleur succès, parce que les Lacédémoniens, voyant que le siége qu'ils avaient mis devant Athènes traînait en longueur, s'étaient retirés pour la plupart, et n'y avaient laissé qu'un petit nombre de troupes. Mais les enfants du tyran, qu'on avait fait sortir furtivement de la ville pour les mettre ailleurs en sûreté, ayant été pris et arrêtés, leur père fut obligé, pour les racheter, d'en ' ' Τὰ γὰρ τοῦ θεοῦ πρεσβύτερα ἐποιεῦντο, ἢ τὰ τῶν ἀνδρῶν.

I

venir à un accommodement avec les Athéniens, et il convint de sortir de l'Attique dans l'intervalle de cinq jours. Il se retira en effet dans le temps marqué, après AN. M. 3496 avoir régné dix-huit ans, et s'établit à Sigée, ville de Av. J.C. 508 la Phrygie, située à l'embouchure du fleuve Sca

mandre.

cap. 4.

Pline remarque que les tyrans furent chassés d'A- Plin. 1. 34, thènes la même année que les rois le furent de Rome. On rendit des honneurs extraordinaires à la mémoire d'Harmodius et d'Aristogiton. Leur nom fut toujours infiniment respecté à Athènes dans la suite des siècles, et presque égalé à celui des dieux. On leur érigea surle-champ des statues dans la place publique, honneur qui jusque-là n'avait été rendu à personne. La vue seule de ces statues, exposées en spectacle aux yeux de tous les citoyens, rallumait en eux la haine et l'exécration de la tyrannie, et renouvelait de jour en jour dans leurs esprits une vive reconnaissance pour ces généreux défenseurs de la liberté, qui n'avaient pas craint de lui sacrifier leur vie et de la sceller de leur sang. Alexandre-le-Grand, qui savait combien leur Ibid. c. 8. souvenir était présent aux Athéniens, et jusqu'où ils portaient leur zèle à cet égard, crut leur faire un sensible plaisir en leur renvoyant les statues de ces deux grands hommes, qu'il trouva dans la Perse après la défaite de Darius, et que Xerxès avait autrefois enlevées d'Athènes. Pausanias 2 attribue cette action à Pausan. in Séleucus Nicanor, l'un des successeurs d'Alexandre : et

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Attic.

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